Condition Physique

Noctis n’a rien du petit pet fragile, qui regarde son maître avec de grands yeux clairs et larmoyants. Issu d’une sélection génétique plus que draconienne mais aussi plus qu’atypique, le jeune homme se distingue par une carrure athlétique que d’aucuns voient d’un mauvais œil, chez un être destiné à demeurer soumis. Des muscles bien dessinés, un regard brun presque noir, des cheveux tout aussi sombres et un tempérament peu souriant achèvent de compléter un tableau ténébreux à la hauteur du prénom que son propriétaire lui a choisi.

Noctis a été éduqué à adopter toujours une posture droite et presque altière. En dehors de sa carrure, le Pet a donc une présence physique qu’il est difficile de négliger, aura imposante et légèrement dominatrice, d’autant plus goûtée par certains qu’elle est rare chez les êtres de son espèce. Habitué à regard ses interlocuteurs droit dans les yeux, sauf ordre contraire, et à ne pas se mettre en retrait, lorsqu’il est seul, Noctis passe aisément pour un citoyen haut placé dans la bourgeoisie.

Ses vêtements sont au gré des fantaisies du maître — ou de la personne qui le loue pour un moment. Il n’est pas rare que les Blondies les plus impatients, désireux de contempler sa musculature, lui intiment de se dévêtir presque totalement et, même dans ces circonstances humiliantes, Noctis a appris, à force de leçons, à garder sa prestance sauvage. Dans les circonstances un peu moins particulières de la vie, on exige de lui qu’il adopte une tenue qui ajoute encore à son charme ténébreux : des vêtements classiques, nuances de gris, de bleu nuit ou de noir.

Sa santé est remarquable : son maître a payé le prix fort pour ne pas s’encombrer de considérations médicales. Endurant et résistant, Noctis connaît rarement les moments de faiblesse. Lorsqu’ils arrivent, ils sont de toute façon sévèrement punis. Son petring entoure son biceps droit.

¦Signes distinctifs/Autres¦ Un tatouage d’arabesques entremêlées lui entoure le biceps gauche.

Biographie

Alin Tor était un richissime industriel dont le plaisir principal dans la vie était de sentir sa puissance s’exercer sur le monde : sur ses concurrents écrasés par une manœuvre financière audacieuse, sur ses employés pressés de gravir les échelons de la hiérarchie, sur le petit peuple de la ville, qui dépendait de ses usines pour ses produits manufacturés. Jamais cependant il ne trouvait la satisfaction et, très jeune déjà, à vingt ans à peine, il ressentit le besoin d’un défi. Il voulait épicer son existence.

Alin n’avait jamais trouvé beaucoup d’intérêts aux Pets. Trop sages. Trop dociles. Quel plaisir d’écraser des larves ? Il y avait bien les Mongrels, mais les Mongrels avaient sa vulgarité qui déplaisait au patron. Sa richesse exigeait une perfection. Il se renseigna. Les premiers contacts furent peu enthousiastes. Ce qu’il demandait était impossible : la sélection génétique qui conduirait à un tel produit nécessiterait une cuve spéciale. Et il faudrait à un Pet de cette sorte des éducateurs à la fois experts et atypiques, loin des standards de l'Académie. Les sommes impliquées étaient colossales.

Alin dépensa sans compter. Puisque la cuve n’existait pas, il la fit concevoir. Les éducateurs, il les fit chercher, trouver et embaucher. Il les rémunéra très au-dessus des salaires habituels. Et lorsque ses amis l’interrogeaient sur ses projets, il avait le plaisir de souligner que son Pet serait extraordinairement coûteux — nouveau signe de sa réussite et de sa puissance.

Attendre seize années fut presque insupportable. Il suivait de loin l’évolution de Noctis, le prénom qu’il avait choisi. Ses instructions étaient très précises : il le voulait fort, grand, viril, dominateur. Il voulait que son regard soit indomptable. Il voulait un fauve. Dès son enfance, le Pet fut éduqué bien autrement que ses camarades : on l’astreignit à une pratique sportive intensive, régulièrement adaptée selon les exigences d’Alin, dont les visites le trouvaient parfois trop ou pas assez musclé. Il tenait à son produit parfait.

Tout ce qui pouvait servir à donner au Pet une conversation agréable et cultivée fut omis de son éducation. Alin recherchait la rudesse et, surtout, assez d’ignorance pour ôter à l’animal des idées hors de sa condition. À l’âge des premières questions, Noctis reçut des réponses elliptiques et on l’entraîna plus rudement, pour le fatiguer. Dès le début de l’adolescence, les privations commencèrent : comme un fauve dont on développe l’appétit en contrôlant l’alimentation, Noctis fut soumis à de multiples vexations.

Il s’agissait de tempérer en lui le caractère farouche formé dans l’enfance. Régulièrement puni, Noctis apprit à respecter ses maîtres. Et à protester, tout de même, un petit peu. Lorsqu’il fut en âge de recevoir les enseignements charnels propres à sa condition, on lui apprit d’abord exclusivement le rôle de seme, en cultivant en lui des gestes dominateurs. D’autres Pets loués pour la circonstance lui servaient d’exercice. L’interdiction de rien lui apprendre de l’uke était formelle : Alin se réservait cet enseignement particulier.

À seize ans, Noctis quitta l’Académie pour découvrir son propriétaire. Il l’avait vu souvent et jamais on ne lui avait permis le doute : Alin était le maître. Dans les premiers temps, Alin se contenta de goûter à la férocité savamment contenue de son acquisition. Ce ne fut qu’après quelques semaines qu’il s’essaya aux punitions méditées pendant de longues années. Il fut ravi de trouver Noctis juste assez résistant et juste assez docile pour son plaisir. Son argent avait été bien dépensé.

Le maître était content de lui et Noctis se sentait empli de fierté. La douleur était comme le signe de son excellence et le mépris qu’il avait cultivé pour les autres Pets qui lui avaient servi de partenaires à l’Académie s’affirma au contact de ses congénères, dans la haute société de la ville, si différents de lui-même. Le spectacle qu’offrait ce Pet atypique, lorsqu’il possédait un autre Pet plus docile, devint rapidement très prisé et Alin ne se privait pas d’exhiber son trésor.

Mais les affaires, elles, étaient bien moins riantes. Alin avait passé la quarantaine et ses concurrents, plus jeunes, plus innovants, commençaient à gagner du terrain. Des parties de son empire étaient absorbées par ces étoiles montantes. Alin fut contraint d’investir sa fortune personnelle dans la survie de son entreprise et son train de vie s’en ressentit. Incapable de laisser paraître la moindre faiblesse, l’homme décida de mettre à profit sa possession unique pour en tirer un peu d’argent.

Secrètement, Noctis devint un Pet à louer. Jamais le jeune homme n’avait connu de plus grande humiliation et, pour la première fois de toute son existence, il protesta ouvertement, sincèrement et refusa d’abord d’obéir aux ordres. Ce fut la première fois aussi qu’Alin le punit sans plaisir et sans calcul, mais impulsivement, brutalement, en le possédant comme un vulgaire Pet grandi en cuve.

Meurtri, Noctis se plia aux ordres. On le louait pour des motifs variés. Certains Blondies souhaitaient simplement voir leur propre Pet aux mains de cette créature sauvage et exotique. D’autres hommes, des nobles, de riches citoyens avaient des désirs beaucoup plus inavouables : être pendant un instant parfaitement contrôlé la proie de ses dominations. Et d’autres, mais cela il en avait l’habitude, voulaient le posséder lui, pour le plaisir de plier une force à leur volonté.

À dix-huit ans, Noctis sent son monde s’effondrer petit à petit. Le bel ordre social, limité à la vie d’Alin au sommet de sa gloire, la seule qu’il eût jamais apprise, commence pour lui à s’effondrer. En circulant parmi les « clients » de son maître, au hasard des conversations, Noctis découvre l’indice de pans entiers du monde qu’il ignorait jusqu’à présent. Et il commence à se demander ce qu’il peut bien y avoir, au-delà des murs de sa prison.


¦ Petite description rapide de votre personnage¦

Pet de Luxe, créé pour être un dominant que l’on aime dominer et un rebelle que l’on aime punir, Noctis Held est la propriété d’un maître jadis richissime mais dont les affaires périclitent. Loué à d’autres Blondies et, parfois, à des citoyens, son avenir est plus qu’incertain.