Dossier Psychologique
Conrad est un homme d'une redoutable intelligence, mais dont la vie misérable a ôté progressivement toute trace de sentimentalité, ne laissant qu'une implacable logique et froideur analytique. Bien entendu ça ne l'empêche pas de se montrer aimable, mais les sourires sont toujours forcés, tordant ses lèvres en un rictus plutôt dérangeant pour le quidam qui ne le côtoie jamais.
C'est un être désabusé, renfermé, qui ne croit en rien et qui se contente de se laisser porter par le fleuve interminable de l'existence. Il ne s'intéresse à personne (sauf si on vient explicitement quérir son aide), ne s'émeut jamais des tragédies et encore moins de sa condition. Ce ne sont que des fatalités contre lesquelles on ne peut pas lutter.
Malgré son détachement profond, ou peut-être à cause de lui, Conrad à toujours des avis tranchés, sur les personnes comme sur les sujets. Même si il ne cherche pas volontairement à se montrer méchant il peut tenir des propos très crus. Personnage extrêmement buté, il ne s'excusera que rarement pour une parole blessante et reviendra encore moins sur ce qu'il à pu faire. La survie justifie de prendre parfois des décisions radicales.
La seule réalité existante pour lui est son « présent » et autant que faire se peut il tente de le préserver à minima. Voilà pourquoi il s'exprime le moins possible et dissimule son intelligence au risque de passer pour un con parfois. Ne pas faire de vagues, passer inaperçu, c'est devenu un genre de crédo, un leitmotiv.
Voilà des années que Conrad tient son rôle de baroudeur un peu sot, aidé par son alcoolisme persistant, mais c'est le prix à payer pour être libre à Amoï. Se rendre intéressant c'est le meilleur moyen de se faire serrer par une blonde, ou de finir dans on ne sait quel lieu sordide. Néanmoins l'homme ne s'intéresse pas aux rumeurs qui lui viennent aux oreilles. Les gens font ce qu'ils veulent de leurs fesses du moment qu'on laisse les siennes tranquilles.
Malgré son côté éminemment je m'en foutiste, Conrad a conservé de fâcheuses tendances bagarreuses et parfois suicidaires, héritées de son enfance et adolescence déjantées.
Buvant comme un trou et ce même aux petites heures de l'aube, il se retrouve régulièrement à coucher avec le premier venu selon les bars où il se rend, mais au fond il se fout du partenaire du moment qu'il prend son pied. C'est une façon de fuir son passé et ce qu'il a fait en annihilant son cerveau pendant plusieurs heures.
Depuis son enfance il est incapable de supporter l'odeur du détergent comme de la viande et par défaut il est devenu végétarien. Cet évènement traumatisant lui pourrit également la plupart de ses nuits et il ne peut trouver le sommeil que durant quelques heures tout au plus.
Un peu plus...
¦Défauts majeurs¦ ▬ Renfermé, Grognon, Violent
¦Qualités majeures¦ ▬ Intelligent, Discret, Fiable
¦Troubles/Phobies¦ ▬ Végétarien & Alcoolique
¦Particularités¦ ▬ Expert en combat à mains nues.
¦Manies¦ ▬ Fumer.
Biographie
Raider …
C'était le surnom qu'on donnait aux chiens d'ordinaire, pas aux êtres humains.
Mais à le voir marcher comme ça sous la pluie, misérable et solitaire, on ne pouvait penser à autre chose qu'à un clébard vagabond infesté de puces, prêt à ronger le premier os qu'on voudrait bien lui jeter. Ses cheveux coupés grossièrement et aplatis par la pluie ressemblaient davantage au pelage sombre et emmêlé d'un cabot.
Les badauds qu'il croisait changeaient systématiquement de trottoir tandis qu'il continuait d'avancer d'un pas nonchalant dans une direction inconnue. Conrad n'inspirait pas la confiance et encore moins la bonne santé. Il s'en fichait. Son seul intérêt résidait en ses errances nocturnes près des terrains vagues. Une habile manière de ne pas s'attirer des ennuis, car on le confondait régulièrement avec les clochards et traîne-patins du coin. Quoiqu'il restait loin de ces derniers de crainte de finir dans les draps nauséabonds d'un de ces dégénérés libidineux.
La pluie cessa après quelques interminables minutes.
Conrad enroula ses doigts noueux autour d'un petit carnet de poème racornis et en parcourut habilement les pages. Ces lignes, il les connaissait sur le bout des doigts. La moindre césure, la moindre virgule. Les mots chantaient comme il désespérait de les faire chanter lui même un jour.
Mais sa poésie était froide et sans âme.
Il se souvint avec une certaine amertume que ça n'avait pas toujours été le cas. Autrefois il avait été plus jovial. Mais qui naît dans la misère devient aussi misérable que le monde qui l'a engendré. Conrad n'avait jamais connu de changements significatifs de sa condition, mais c'est le temps qui avait effacé les espoirs d'un mouflet un peu trop naïf. Enfant il écumait les décharge dans l'espoir de trouver des pièces recyclables sur quelques robots et produits domotiques qu'il vendait au marché noir.
C'est comme ça qu'il avait commencé à bricoler dans son coin, et à réparer toutes sortes de choses plus ou moins complexes avec le temps. Bien sûr à cause de sa timidité tout le monde le prenait pour un débile un peu doué.
Enfin ce petit garçon un peu trop gentil et surtout trop con, il l'avait définitivement enterré lorsqu'il avait été recruté de force pour « l'Abattoir ».
En général tout le monde se faisait une bonne idée des trafics divers et variés du marché noir. Mais probablement pas celui qui figurait sur les étales d'un humble boucher au visage rougeaud. La viande se faisant rare dans les bas quartiers, ce petit homme replet à la face joviale avait eu l'extraordinaire idée d'en trouver et d'en élever pour presque rien dans la plus parfaite illégalité.
Des hommes, des clodos pour la plupart, arrachés à leur vie de misère et enfermés dans les bas-fonds de Seala pour être lentement découpés en morceaux puis vendus, ni vu ni connu je t'embrouille, sur les étales du marché noir. Ô bien sûr ce fameux « Boucher » n'était pas seul dans cette entreprise et tant qu'il s'en mettait plein les poches ça ne lui posait aucun problème de conscience. Les enfants étaient de la main d’œuvre bon marché qu'on pouvait exploiter et recycler plus tard pour des commandes très exotiques venant de la cité haute.
Le petit brun n'avait alors que 9 ans lorsqu'il plongea dans cet univers totalement déshumanisé. Et c'était pour ce sourire d'ange que ces dégénérés de clodos le suivaient jusque dans les entrailles de l'Abattoir, croyant obtenir un peu de bonté de leurs frères de calvaire. Tout ça pour finir en morceaux. Quelle tristesse.
Mais l'enfant qu'il était n'y voyait là que sa propre survie. Et bien vite il cessa de pleurer ces pauvres hères qu'il appâtait dans ce lieu terrifiant dont les murs suintaient le sang et diffusaient cette insupportable odeur de détergeant et de chair en décomposition.
C'est là qu'il rencontra Ilan pour la première fois, un autre enfant comme lui, avilit lui aussi à la triste réalité des bas-fonds. Passant outre les horreurs et les violences dont ils étaient tous les jours les témoins et parfois les victimes, une complicité naquit entre eux. Un soutien mutuel sans lequel ils se seraient probablement donnés la mort.
Et c'est un jour comme un autre, à bout de nerfs et de force, battus et exploités par le Boucher et ses hommes, qu'ils décidèrent de mettre le feu à l'Abattoir. Tout ce qu'ils voulaient c'était laisser derrière eux ce qu'ils avaient vu, ce qu'ils avaient vécu, et les exactions auxquelles ils avaient été forcés de participer. Tout brûler et donner une mort plus digne à toutes ces pauvres âmes prisonnières des geôles.
Jamais ils ne surent ce qu'il advint de l'Abattoir et de ses habitants, mais ils avaient purement et simplement disparu du marché noir. La seule trace qui resta imprimée en eux fut les cris d'agonie et de douleur durant l'incendie.
Adolescent et toujours en compagnie d'Ilan, Conrad vécut sa propre crise existentielle comme tant d'autres enfants avant lui. Il avait ressenti le besoin de se prouver quelque chose, de se sentir un peu vivant après ces années d'horreur et de frustration, alors il s'engagea sur la voie la plus stupide et dangereuse qu'il put choisir : les combats. Lui le gringalet des bas-fonds, transformé en chien enragé pour gagner quelques misérables crédits. De cette époque il ne conserva que son surnom : Raider et une cataracte qu'il doit à une descente de la milice - en plus d'une légère tendance à grogner plus qu'à s'exprimer.
Mais il y a une chose dont il ne parle jamais, en dehors de sa vie terrifiante à l'Abattoir, c'est la mort de son meilleur ami. Un soir où ils se retrouvèrent face à face, et poussé par l'adrénaline et le public déchaîné, il asséna un coup plus violent qu'il ne l'aurait voulu. Son ami tomba pour mourir dans les quelques instants qui suivirent, un sourire aux lèvres. Jamais Conrad ne se pardonna son geste. Ilan était pour lui comme un ami, un frère et un amant. La seule personne qu'il ait jamais vraiment aimé dans sa vie, venait de disparaître à cause de lui.
C'est à cette époque précisément qu'il sombra dans l'abyssale folie de ce monde. Il fut récupéré par un pseudo entraîneur. Un colosse du nom d'Eddie, qui entraîna Conrad dans son univers malsain et dégénéré. Sexe, drogue, alcool et combats furent son quotidien durant des années. Sa relation avec le mongrel était pour le moins étrange, aussi violente que morbide car Conrad ne vivait que pour s'auto-détruire.
Alors Eddie le dressa comme un on dresse un chien. A mordre quand on l'ordonnait, à baiser lorsqu'il le voulait. Il n'y avait pas de limites et Conrad n'en avait pas d'avantage. Tous deux étaient liés par cette délirante soif de folie qui les dévorait tous les jours un peu plus.
Ce fut quelques années plus tard, lors de la descente improvisée de la milice qu'il fut séparé d'Eddie et ce dernier envoyé en taule pour une durée indéterminée. C'est ainsi que le brun se retrouva seul à nouveau.
Heureusement, l'eau avait coulé sous les ponts depuis cette triste période, et Conrad s'était construit une vie tranquille, sans embrouilles ni combats. Il vivait de son travail de mécanicien et associé du proprio dans une modeste PME répondant au charmant nom de « Aaron & Fils ». Soulagé de passer la barre des quarante ans, il espérait finir ses jours comme il les avait commencé, dans l'anonymat le plus complet. Mais malgré ça, sa tranquillité d'esprit n'était que relative et son désir morbide et sous-jacent de se détruire, toujours présent.
Un court résumé...
¦ Petite description rapide de votre personnage¦ Conrad est un mongrel mécanicien qui passe le plus clair de son temps à Seala -soit pour travailler soit pour se bourrer la gueule. Autrefois il faisait des combats clandestins, jusqu'à ce qu'une altercation avec la milice mette fin brutalement à sa carrière. En ce temps là il était connu sous le nom de : Raider. Souffrant aujourd'hui d'une cataracte à l'oeil droit, il traîne sa carcasse jusqu'au garage Aaron & Fils dont il est l'associé et le gérant. A ses heures perdues il répare tout ce qu'il lui passe sous la main.